Interview de Marine Ferrante
Chaque année, le 19 août, nous célébrons la Journée Mondiale de la Photographie, date “officielle” de l’invention du daguerréotype, un processus photographique développé par Joseph Nicéphore Niépce et Louis Daguerre en 1837… mais le 19 août correspond surtout à la date d’acquisition par l’état Français du brevet de l’invention 2 ans plus tard… le 19 août 1839, vous suivez ?
À cette occasion nous avons décidé de mettre en avant le travail photographique de Rodéo Studio qui sublime nos produits depuis bientôt 2 ans. Rodéo Studio est formé par quatre designers qui sont Marine Ferrante, Emilie Lanoue, Max Troupeau et Arnaud Routaboul. Aujourd’hui, plus particulièrement nous vous présentons Marine Ferrante, la photographe de l’équipe.
Peux-tu nous présenter ton parcours ?
“Après une licence en sciences économiques et gestion, j’ai étudié pendant 5 ans à l’école de Condé, à Paris. D’abord l’image dans le cycle photographique, soit une licence en trois ans, puis une spécialisation en communication dans le cadre du master de stratégie de communication par l’image, en deux ans.
Après un stage de fin d’étude de 6 mois chez Picto, entreprise spécialiste de l’image, à Paris, je me suis lancée en tant que photographe / retoucheur freelance pendant 3 ans, avant de co-fonder Rodéo. Cette période m’a permis de faire mes armes dans divers domaines, notamment la mode, et au cours de missions courtes mais aussi auprès de clients réguliers et qui font maintenant partie du carnet d’adresse de Rodéo.”
Pourquoi avoir choisi la photo comme métier ?
“J’ai toujours aimé avoir un appareil photo dans les mains, c’est un outil qui facilite mon interaction avec l’environnement et avec les gens qui m’entourent. C’est un moyen d’expression qui me va bien.”
Dès son jeune âge, Marine a déjà commencé à photographier ses sorties scolaires. Son appareil photo est depuis devenu son objet fétiche.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton métier ?
“J’aime l’observation, l’approche, la construction de l’image, la capacité de saisir des choses qu’on pourrait voir sans les remarquer, la possibilité de recréer ses sensations au cœur du studio, la concentration que cela demande, le plaisir au moment de l’aboutissement.”
L’art de la création visuelle fait partie de ce qui la passionne le plus dans ce métier. Dans la photographie, le temps consacré et la mise en scène créée à partir des objets à disposition font la valeur du métier.
“J’aime aussi beaucoup parcourir les images des autres et me laisser happer, jusqu’au moment où une image retient mon attention et que je cherche à comprendre pourquoi, et qu’est ce qui, techniquement ou émotionnellement, m’a fait m’arrêter sur cette image. C’est très formateur et particulièrement enrichissant, même si je prends souvent des claques qui me rappellent que j’ai encore tout à apprendre.”
“même si je prends souvent des claques qui me rappellent que j’ai encore tout à apprendre.”
Peux-tu nous raconter ton histoire avec Rodéo Studio ?
“Après la photo, j’ai étudié la communication pour aller plus loin dans l’utilisation de mes images. Ça a été très enrichissant de travailler avec des graphistes et un groupe de travail en particulier m’a paru particulièrement cohérent et efficace.
« Dans une équipe, la bonne ambiance est une chose, mais ne suffit pas, l’efficacité est bien mais la cohésion du groupe est encore plus importante.«
Nous sommes restés en contact après nos études et un jour, l’un de nous a rassemblé l’équipe avec une idée en tête : “travaillons ensemble”. Pour moi qui avais travaillé solo pendant 3 ans, c’était l’occasion de réintégrer une équipe et de participer à des projets plus complets, d’être à nouveau stimulée par ces créatifs dont j’avais déjà apprécié le talent. Ça a tout de suite été très exigeant mais aussi très satisfaisant.”
« Ça a tout de suite été très exigeant mais aussi très satisfaisant. »
Le quatuor s’est formé lors du master en communication. Après leur projet au théâtre des Champs-Elysées, ils se sont rendus compte que le groupe pouvait associer une bonne ambiance et une cohésion de groupe à une efficacité de travail, d’autant plus que le fonctionnement en équipe exige un équilibre. Chacun des quatre co-fondateurs de Rodéo ont leur propre univers et reste complémentaire au reste de l’équipe, ce qui fait une très bonne affinité graphique.
Est-ce challengeant de prendre en photo des éponges vaisselles ou de travailler pour Design For Resilience ?
“Absolument ! Design For Resilience crée des objets du quotidien qui ont plus de valeur qu’il n’y paraît, qui ont plus à dire que juste leur fonctionnalité. L’enjeu de la conception des images était de les mettre en valeur comme des produits de choix, de caractère, dans un cadre organique et géométrique. Les images principales ne parlent pas de la fonction de ces objets, mais de leur qualité. C’était aussi la première réalisation photographique du studio Rodéo et l’occasion de voir ce que nous étions capable de produire ensemble. Et lorsque nous avons renouvelé l’exercice un an plus tard, nous avons pu constater nos progrès et notre évolution.”
« Design For Resilience crée des objets du quotidien qui ont plus de valeur qu’il n’y paraît, qui ont plus à dire que juste leur fonctionnalité. »
Photographier l’éponge résiliente nécessite toute une mise en scène pour justement souligner la qualité de l’objet. L’équipe a mis en œuvre toute une stratégie pour mettre en avant les matériaux de l’éponge.
Comment est-ce que tu travailles de manière générale ?
“Généralement, on travaille à 4 sur un projet, et l’on répartit les tâches par binôme. Pour Design for resilience, c’est surtout Émilie et moi qui préparons le travail photographique, car émilie a aussi de très bonnes compétences de set design ! (le set design, en gros, c’est tout ce qui va composer l’image et l’objet à prendre en photo, choisir les teintes, choisir les accessoires, l’ambiance, plutôt automnale ou printanière, et souvent les photographes travaillent avec un set designer qui va se charger de ce travail et ici c’est Emilie qui prend ce rôle là !
Emilie et moi, on dessine des croquis de ce qu’on a en tête, on a des croquis pour chaque visuel. On sait combien de visuels on va faire, il y a des visuels qui ne fonctionnent pas mais ce n’est jamais un échec, c’est souvent une réinterprétation.
On est à 4 sur les shoot’, c’est la seule activité où on peut vraiment être à 4 physiquement pour travailler.
On valide à 4 les idées de visuels, puis on prépare tout à deux (Marine : technique, Emilie : Set design) et les gars arrivent et doivent un peu s’adapter à ce que l’on a préparé et viennent mettre leur graine de sel…
Il y a parfois des croquis 2D avec un passage plus difficile en 3D, on a donc parfois besoin de s’adapter ou de réajuster et les gars sont là pour nous aider ou nous challenger et moi pour tempérer ce qui est techniquement réalisable ou non.
On fait ensuite la sélection à 4, puis je fais la post prod’ (retouche photo, réglage des photos, etc.). ”
Est-ce que tu as des projets ou passions que tu souhaites partager ?
“En parallèle de mon activité pro je passe du temps sur la fabrication d’objets et de maquettes en papier dans le but d’en faire des objets visuels, parfois animés.
C’est une compétence que je mettrai avec plaisir au service de Rodéo si une occasion se présente.”
En dehors de son travail, la confection de maquettes en papier lui demande beaucoup de temps, mais elle permet d’extérioriser beaucoup d’idées. Marine le fait surtout pour son propre plaisir et pour les offrir en cadeau pour ses proches.
Quelle est ta plus grande fierté photographique ?
“Je n’ai pas vraiment de préférence en particulier, mais j’ai un petit penchant pour les photos de voyage.”
Cette image de l’aurore boréale en Islande en septembre 2021. Elle est pleine de surprise car elle a été prise au tout début de la période des aurores boréales.
“C’était au début de la saison des aurores boréales, on avait vraiment très peu de chance d’en voir une. On décide tout de même de poser le pied de l’appareil photo. Ce soir-là, ça a commencé par un léger effet de lumière, et quelques instants après une lumière intense a embrasé le ciel pendant une minute.”